Etant donne qu'aucune construction durable ne saurait se concevoir sans l'accord librement consenti des futurs confederes, il importe de order des conditions territoriales, politiques, psyehologiques propres a pouvoir obtenir leur adhesion sans trop de difficultes. Or, ces conditions ne sauraient etre realisees taut que certaines controverses territoriales ou des servitudes internationales, continuent a empoisonner leurs rapports. Mon vieil ami et camarade Titulesco, dans son idealisme impenitent, parlait de >. Ce postulat hautement desirable, presuppose pourtaut un etat d'evolution morale et politique des chefs et des masses qu'il est impossibile de discerner pour le moment et qu'il est difficile d'esperer se voir realiser de sitot. Attendre, ce serait perdre une occasion peut-etre unique d'attaquer les problemes dans le vif, d'ouvrir si non tous les abces du moins les plus dangereux et d'apporter des solutions radicales ces questions de frontieres ou de nationalites qui out ete la cause immediate ou laterite des discordes qu'on se rappelle, qui furent attisees et mises a profit par tousles troublions des XIX et XX siecles. Cette operation, douloureuse mais necessaire, sera d'autant plus facilement acceptee par les patients, qu'elle sera plus rapidement conduite a bonne fin, pendant que les plaies ouvertes par la guerre ne sont pas cicatrisees, que les souvenirs des souffrances sont encore cuisants, que les spectacles des ruines sont encore sous nos yeux. Si nous laissons passer cette generation sans avoir obtenu d'elle les sacrifices necessaires a la creation d'une paix durable, la generation qui lui suivra -- devant les yeux de laquelle la guerre n'apparaitra que sous l'aspect estompe de quelque film desagreable dont elle sera encline de soupconner meme l'authentieite -- , tousles efforts depenses pour creer un ordre nouveau meilleur auront ete inutiles. En conclusion. Rejouissons-nous, -- avec les reserves formulees au debut de ce memorandum , des nobles intentions, manifestees a Dumbarton Oaks de meme qu'a Yalta par les Big Three, de leguer au monde un organisme universel destine a garantir la paix. Souhaitons de tout coeur que cet organisme, cree sur des bases justes et avec le respect de tous, soit viable; qu'il tienne compte de l'experience de la Societe des Nations, c'est a dire, qu'il soit dote d'une loi, d'un juge obligatoire, et d'un gendarme international pourvu de tous les moyens nessaires pour faire respecter la loi et executer les jugements. Cela, c'est l'ideal, le maximum, le plafond de nos aspirations et nous devons travaillet tous avec confiance a y atteindre. Mais, craighaut des retards et des difficultes, que le cadre que nous nous sommes assigne ne nous permet pas d'examiner ici, en procedant d'un idealisme-realiste,- sans ironie--, liquidons sans retard dans un esprit genereux, par des concessions reciproques librement consenties, les differends qui separent encore par exemple Italiens, Autrichiens, Jougoslaves, Bulgares, Grecs, Roumains, Hongrois, Polonais, Tchecoslovaques, et creons ainsi un climat favorable a l'eclosion de ces federations regionales, de realisation infiniment plus aisee que les Grandes > mondiales ou continentales, vers lesquelles nous devons tendre toujours sans defaillance, mais qui, comme tout ideal trop eleve pourraient apparaitre chymeriques ou trop lointaines aux yeux de notre generation assoiffee de solutions immediates. Aussi, craighaut des retards et des difficultds qu'on peut aisement entrevoir, oserais-je suggerer une procedure simple et rapide de nature a faciliter la creation de ces federations regionales, premiere etape pratique de l'organisation de la paix. -6- |