Quant h I'U.R.S.S., elle a non seulement adhere depuis longtemps a ce principe mais elle l'a applique meme, l'ayant des l'aube de son existence, mis a la base de son Etat (1). Une ere nouvelle semble donc s'annoncer aux peuples, et ceux qui ont foi en l'idee genereuse de la federation n'auraient qu'h s'en rejouir....si. Oui, il y a non pas un si mais plusieurs si qui se presentent a l'esprit objectif. Les premiers sont justifies par certaines tendances qui se sont dessinees a l'occasion des deliberations des representants les plus qualifies des Grands Allies. Les puissants organisateurs de la paix de demain ne semblent vouloir tenir compte que d'une maniere assez confuse et fragmentaire des droits vitaux des autres nations grandes, moyennes et petites. Quatre, ou plutot trois Grandes Puissances ont assume la lourde responsabilite d'organiser, elles, cette paix suivant eertains concepts qui leurs sont propres et qu'on a soumis, on qu'on soumettra ulterieurement >, a un certain nombre de Puissances >. On n'a pas cru necessaire cependant de communiquer les projets etablis a un nombre considerable d'autres Puissances qui, par leur civilisation, leur passes, leur experience ont acquis le droit non seulement d'etre traitees avec quelque egard, mais meme d'etre sollicitees d'apporter leur contribution, qui pourrait etre precieuse, a l'oeuvre de collaboration universelie qu'on se propose de realiser. Or, si on a l'intention de crier un ordre nouveau moral, durable, base sur le droit et la justice, on ne peut pas concevoir de nouvelle organisation avec l'exclusion de Puissances telles que la Suede, la Suisse, la Turquie, le Portugal, l'Irlande....sans parlet de quelques unes qui, par la faute des aus plus que par la leur, se sont trouvees momentanement du mauvais cote de la barricade et qui--- si erreur il y a aussi de leur part --- elles tentent maintenant de se racheter en payant du plus genereux sang de leurs fils et en apportant une large et precieuse contribution a la cause commune. Aussi, au nom des pays mentionnes plus haut, conviendrait-il tout d'abord d'ajouter au moins ceux de l'Italie, de la Roumanie, de la Finlande, de l'Autriche, de l'Espagne, du Dannmark...comprenant quelques 150.000.000 d'habitants. Eh bien, quand on examine cette liste, peut-on concevoir d'organisation serieuse de la paix, en Europe du moins, en dehors de ces Puissances? Ne serait-ce pas trop presumer et se rendre coupable de quelque vanite, que de croire qu'on peut se priver de leur concours, des fruits d'une experience historique et politique plusieurs fois seculaires? Croit-on pouvoir mepriser le concours des pays qui ont donne Mazzini et Mancini, Bluntschli et Vattel, Branting et Unden, Bratiano, Take Jonesco, Titulesco .... pour n'en citer que quelques uns...? Ne serait-il pas plus politique, plus expedient, de les inviter eux aussi, des a present, a partieiper aux travaux preparatoires de l'organisation de la paix? Ne croit-on pas--et que cela soit dit sans offenser personne --- que leur contribution pourrait etre pour le moins aussi efficace que celle de tel pays lointain, completement etranger aux affaires de l'Europe centrale et orientale (1) A un certain moment, le souvenir des formules mises en circulation vers la fin de la premiere grande guerre,- telles que barbele >>, > etc.--, semblait disposer defavorablement l'U.R.S.S. a l'egard de l'idee federaliste dans la region danubienne et balkanique. Convaincue de la sincerite des sentiments de ses voisins occidentaux, qui realisent pleinement qu'on ne saurait crier rien de viable dans cette region sans l'assentiment des Grands Allies et plus specialement de l'Union Sovietique, on est en droit d'esperer qu'elle ne fera pas d'opposition a l'eclosion de ces groupements regionaux. Ces federations du reste, loin de constituer pour elle une source de preoccupations, pourraient au contraire former sur sa frontiere occidentale un puissant glacis, garantie precieuse et supplementaire de sa securite. |